Rappelons que la cigarette électronique contient un élément chauffant qui transforme le liquide à vapoter en aérosol. La puissance de cet élément et la température qu'il peut atteindre varient selon les modèles. Quant aux liquides à vapoter, ils contiennent du propylène glycol, du glycérol, de la nicotine et des composés aromatisants. Les multiples combinaisons de ces molécules font en sorte qu'il existe des milliers de liquides à vapoter distincts sur le marché. Les effets à long terme de la cigarette électronique sur la santé sont encore mal connus. Toutefois, on croit qu'elle augmente les risques de mortalité des cellules qui tapissent les voies buccales, augmentant du coup les risques de maladies parodontales et d'infections à levure. Tout comme le tabac, elle créé une dépendance à la nicotine.
Des études antérieures ont montré que la force de l'élément chauffant et la composition du liquide à vapoter ont une incidence sur la production de composés toxiques pour les voies respiratoires. Par contre, on ignorait si ces variables avaient une incidence sur la taille de particules produites et sur l'endroit où elles risquent davantage de se déposer. «Il s'agit d'une information importante, souligne Mathieu C. Morissette, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Les particules de bonne taille finissent leur course dans la bouche et à la surface des voies respiratoires supérieures alors que les particules plus petites se fraient un chemin jusqu'aux alvéoles, des structures fragiles qui se régénèrent difficilement.»
Pour mieux documenter le sujet, le professeur Morissette et ses collaborateurs ont fait appel à un instrument qui caractérise la composition des aérosols. Leurs analyses ont révélé que la taille des particules contenues dans la vapeur de cigarette électronique augmente en fonction de la puissance de l'élément chauffant ainsi que de la concentration en glycérol et en nicotine dans le liquide à vapoter. La présence de certains arômes, notamment la vanilline, produit le même effet.
Le message pratique à tirer de tout ça? «La taille des particules contenues dans la vapeur de cigarette électronique et le site où elles se déposeront dans les voies respiratoires varient en fonction du modèle d'élément chauffant et de la composition du liquide qu'on utilise, résume le chercheur. Par contre, comme on ne peut pas dire que les grosses particules sont moins dommageables que les petites, on ne peut pas faire de recommandations sur les produits qu'il vaudrait mieux utiliser. La meilleure chose à faire, si on se soucie de sa santé, est de ne pas vapoter.»
L'étude est signée par Ariane Lechasseur, Natalie Turgeon, Caroline Duchaine, et Mathieu C. Morissette, de l'Université Laval, Simon Altmejd, de la firme SCIREQ, Giorgio Buonanno, de l'Université de Cassino et de Lazio sud en Italie, et Lidia Morawska, de la Queensland University of Technology en Australie.