Toute sa vie, Manuel Mendoza s’est consacré corps et âme à sa carrière de médecin, parfois au détriment de sa famille. Au décès de sa femme, il décide de tout quitter pour sauver la maison d’édition qu’elle a fondée, même s’il ne connaît rien à la littérature. Visions de Manuel Mendoza est l’histoire de cet homme qui entreprend un projet un peu fou qui lui fera vivre un lot d’émotions fortes et lui fera rencontrer des gens qui le marqueront à jamais.
Ce livre, comme tous les autres du romancier, a été écrit sans plan de travail trop précis. «Le récit est venu d’une image qui m’est apparue, celle d'un homme qui découvre le corps inanimé de sa femme au pied de l’escalier. Tout est parti de là. Je ne savais rien de ces deux personnages. J’ai découvert leur histoire au fur et à mesure que je l’écrivais», explique Alain Beaulieu. De retour d’un voyage au Pérou, il a choisi de camper l’action dans un pays d’Amérique du Sud qui n’est pas nommé dans le récit.
Au-delà du deuil, décrit avec émotion, le livre aborde le thème de la rédemption. Ayant le sentiment d’avoir négligé son épouse durant toutes ces années, Manuel Mendoza veut perpétuer la mission qu’elle s’était donnée avec sa maison d’édition. À la lecture d’un mystérieux manuscrit, un roman qu’elle a signé sous un pseudonyme, il croit y déceler un souvenir troublant de son passé. C’est ainsi qu’il entreprend un voyage à l’autre bout du pays afin de décortiquer la part de vérité et celle de fiction dans le livre posthume de sa femme.
Au sujet de la question du réel dans la fiction, Alain Beaulieu admet que c’est un aspect de la littérature qui l’interpelle énormément. «Comme auteur, on se fait souvent demander quelle est la part biographique dans un livre. En cette époque d’autofiction, plusieurs lecteurs ont l’impression que ce qui est réellement arrivé a davantage de valeur que ce qui est inventé. Pour moi, la fiction narrative parle aussi bien de l’existence humaine que le réel. L’histoire de Manuel Mendoza me permet d’explorer des champs de la vie tout aussi bien – peut-être même mieux – que si je racontais ce qui m’est arrivé à moi.»
— Extrait, Visions de Manuel Mendoza
Professeur de création littéraire à l’Université Laval, Alain Beaulieu compte à son actif moult romans, essais, nouvelles et textes pour le théâtre. Plusieurs de ses œuvres ont été citées pour des prix prestigieux, dont L’interrogatoire de Salim Belfakir (prix France-Québec) et Le postier Passila (Prix du Gouverneur général). Entre autres récompenses, il a reçu à deux reprises le Prix de création littéraire de la Ville de Québec et du Salon international du livre de Québec.
Malgré sa feuille de route bien garnie, il lance ce nouveau roman avec un brin de fébrilité. «Publier un livre, c’est toujours un mélange d’émotions. Je suis content et fier du résultat, mais j’ai de la difficulté à prévoir comment il sera reçu. À partir du moment où il est publié, le roman ne m’appartient plus. La lecture, c’est avant tout une rencontre, un acte dans lequel chaque lecteur met une partie de lui-même. J’accepte le fait que les gens lisent un livre différent de celui que j’ai écrit», conclut-il.
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