Mathieu Gallant a identifié quatre types de films noirs. Le premier type est celui du film de gangster. Comparé aux gangsters de la décennie des années 1930 qui présentaient une image d'antihéros sympathiques, de rebelles cools, le gangster de la période noire est beaucoup plus pathétique et échoue constamment dans ses enquêtes. «Ce changement de cap, précise Mathieu Gallant, s'explique par l'application du code Hays sur la production cinématographique de 1934 à 1966, un code qui interdisait aux cinéastes de rendre sympathique au public un personnage à la moralité douteuse».
Second type de film noir: le film de détective, où le protagoniste fait preuve de droiture et d'honnêteté. En même temps, il n'hésite pas à désobéir aux autorités pour mener à bien son enquête.
Autre catégorie: les amours impossibles ou destructrices. Caractérisées par la présence d'une femme fatale, ces histoires d'amour ne se terminent jamais par une union heureuse, mais plutôt par la mort, l'emprisonnement ou la trahison d'un des membres du couple.
Enfin, des films mettent de l'avant un destin fatal ou un passé trouble qui empêchent le protagoniste de trouver le bonheur. Le héros ne contrôle pas la situation; dans certains cas, il s'en sort, tandis que le destin a raison de lui dans d'autres situations.
L'un des personnages les plus marquants du film noir est celui du détective privé. Dans The Maltese Falcon, le personnage de Sam Spade, interprété par Humphrey Bogart, séduit Brigid O'Shaughnessy (Mary Astor) pour la forcer à avouer son implication dans une affaire criminelle. Une fois la confession obtenue, il lui annonce son intention d'appeler la police pour qu'elle soit emprisonnée. La femme fatale constitue l'autre personnage phare du film noir. Dotée d'une grande beauté, faussement naïve, parfois vulgaire et violente, elle utilise à son profit le désir qu'elle suscite chez les hommes.
«De la même façon que le détective du film noir constitue une figure contre-culturelle étatsunienne par sa qualité d'antihéros, la femme fatale rompt avec le stéréotype de la bonne épouse ou de la bonne mère, souligne Mathieu Gallant. Elle est active et non passive, et s'oppose ainsi au modèle féminin dans les films hollywoodiens de l'époque.» Parmi des actrices célèbres ayant joué les femmes fatales figurent Lana Turner (Le facteur sonne toujours deux fois, 1946), Lauren Bacall (Le grand sommeil, 1946), Barbara Stanwyck (Assurance sur la mort, 1944) et Ava Gardner (Les tueurs, 1946).
Du côté masculin, l'acteur Humphrey Bogart est sans contredit l'emblème du détective «noir». D'autres grandes étoiles du cinéma, comme Kirk Douglas (L'emprise du crime, 1946), sont nées avec le film noir qui s'essouffle et finit par s'éteindre avec La soif du mal, du grand Orson Welles, en 1958.