La série Échantillons de la recherche raconte l'expérience de membres de la communauté étudiante en recherche. Ils partagent un aperçu de leur projet aux cycles supérieurs.
Arrivé de la Côte d'Ivoire en septembre 2023, Pagnol Kouassi s'est inscrit à l'Université Laval pour développer une expertise en violence criminelle. D'abord étudiant dans le programme de doctorat sur mesure en criminologie, il fait désormais partie de la première cohorte du doctorat en criminologie qui démarre cet automne. «À travers les articles et les échos qu'on a en Côte d'Ivoire, je savais que le Canada se hissait au sommet de la recherche en criminologie», lance-t-il.
Pagonl Kouassi s'intéresse principalement au domaine de la récidive violente. «C'est une expertise plutôt nouvelle en Afrique, mais ici, on trouve des chercheurs renommés tels que le professeur Patrick Lussier», ajoute le doctorant, qui travaille d'ailleurs sous sa supervision. «L'expertise du professeur Lussier est rare et elle a une portée internationale. Je suis fier de pouvoir faire partie de son laboratoire et d'apprendre à ses côtés.»
Déterminer les facteurs de risque
Pour prédire la récidive violente, Pagnol Kouassi s'intéresse aux motivations et aux antécédents criminels des délinquants. Il cherche aussi à comprendre ce qui pourrait motiver quelqu'un à arrêter de commettre des délits et à s'intégrer dans la société.
Son projet permettra de mieux comprendre les violences criminelles et de les prévenir en comparant les théories à des données réelles. Pour y parvenir, il travaille avec une base de données de personnes contrevenantes de la province de Québec pour déterminer les probabilités de récidive violente à l'aide d'un outil d'évaluation standardisé, le Level of service/case management Inventory (LS/CMI). Cet outil est utilisé principalement dans le système de justice pénale pour évaluer les risques de récidive chez les personnes délinquantes.
Avant le début de la session d'automne 2024, l'étudiant a mis en pratique ses connaissances comme auxiliaire de recherche. Il réalise une analyse qualitative sur des entrevues déjà réalisées avec des personnes délinquantes pour codifier les informations ressorties.
C'est un avant-goût de ce qui l'attend dans les prochaines sessions de son doctorat, car il aura à réaliser lui-même des entrevues et à les analyser. «On doit toujours confronter les théories avec la réalité, avec ce qui se passe sur le terrain. C'est ce que j'aime de la recherche en criminologie», souligne le doctorant, aussi membre du Centre international de criminologie comparée, qui rassemble des chercheurs de huit universités québécoises.
En Côte d'Ivoire, Pagnol Kouassi rapporte qu'une grande partie de la collecte de données se fait directement auprès des participants. L'accès aux bases de données officielles du gouvernement y est difficile, contrairement au Canada. «La disponibilité des données facilite le travail de recherche.»
Le jeune chercheur dit avoir hâte d'entreprendre le nouveau programme doctoral. «Je m'attends à ressortir du doctorat avec des compétences aguerries en criminologie, principalement en matière de récidive violente, à comprendre les problématiques et les questions d'actualité liées aux personnes contrevenantes, soutient l'étudiant. Avec la grande expertise des professeurs, je n'ai pas de doute que le programme va répondre à mes attentes.»