Juste à temps pour la saison froide, Atypic Equipment vient de lancer une première collection de vêtements de plein air. Vestes et manteaux sont isolés d'un mélange de trois fibres: l'asclépiade, le kapok et le PLA, un bioplastique synthétisé à partir d'amidon de maïs. «Chauds, respirables, avec un facteur écoresponsable plus fort que la moyenne, ils sont aussi fabriqués au Québec», indique le cofondateur Antoine Bolduc, qui peaufine cette ligne depuis son baccalauréat en comptabilité à la Faculté des sciences de l'administration.
Même s'il vient de la Beauce, qu'il a travaillé à l'École d'Entrepreneurship et lu beaucoup sur l'entrepreneuriat, il n'avait pas «nécessairement» en tête de se lancer en affaires. Un stage en cabinet comptable a dévié sa trajectoire. «Je n'ai vraiment pas aimé ça», laisse-t-il tomber, tout de même satisfait d'avoir essayé. Son implication dans les associations et les programmes entourant la vie universitaire l'a aidé à trouver sa voie.
Fonds Alpha, Regroupement des étudiants entrepreneurs de l'Université Laval, Académie entrepreneuriale ULaval – CDPQ… Antoine Bolduc est passé partout.
En 2018, il découvre l'asclépiade, une plante indigène canadienne dont la gousse contient une fibre soyeuse aux propriétés isolantes et hydrofuges. Amateur de plein air, il y voit un filon pour isoler des vêtements qui lui permettraient de pratiquer sa passion au chaud et dans le respect de la nature. Il parle de son plan avec l'équipe d'Entrepreneuriat ULaval. Le coup d'envoi vient d'une bourse BMO reçue pour son projet alors nommé Silka. «Ce premier prix, spontanément, ça m'a confirmé que l'idée était bonne, qu'il y avait du potentiel, puis que les gens étaient intéressés à ça.»
Il termine son baccalauréat en comptabilité, tout en développant son projet. Il se rappelle ces années de réseautage, de 5 à 7 dans la communauté de jeunes pousses de la Capitale et dans le milieu entrepreneurial de l'Université. «De baigner dans ce monde-là, je me suis senti à ma place.» Il salue l'accueil, le soutien, l'ouverture et l'accompagnement qu'il a reçus, «même si mes idées étaient horribles», lance-t-il en riant.
Avec le temps, il a réalisé que la fibre d'asclépiade était «extrêmement dure à travailler». Pour obtenir la performance escomptée, la solution a été de la combiner avec du kapok, un duvet végétal qui entoure les graines de certains arbres tropicaux, dont le kapokier, et le PLA. «Ça permet d'avoir un isolant fait majoritairement de fibres végétales, mais on a besoin du PLA, une fibre bio-sourcée, pour créer un tout qui est performant, durable et qui surpasse les performances pour amener le marché plus loin.» Résultat: fini le dos mouillé à cause de la chaleur. «Tout est évacué vers l'extérieur, qu'on arrête de bouger ou pas, on reste au sec», explique Antoine Bolduc en parlant des manteaux.
Pour préparer le terrain et tester l'attrait pour ce nouvel isolant, la couverture Onõ a d'abord été lancée. «Finalement, on a eu une super belle réponse, alors on a décidé de la garder à travers Atypic.»
L'entreprise, dont l'atelier est situé à Saint-Nicolas, a officiellement démarré il y a un an. L'automne précédent, Antoine Bolduc trouvait l'associée complémentaire qu'il cherchait depuis des années. Laurence Gauthier, diplômée en design à l'Université Laval, lui a été présentée par un ami commun. «Elle venait complètement d'un autre monde, alors c'est très intéressant», souligne le cofondateur d'Atypic.
Le duo offre aujourd'hui cinq produits (manteaux, vestes isolées, chandails polaires, chandails longs et t-shirt), en plus de la couverture Onõ. Leurs prix oscillent entre 50$ et 585$.
«Un an d'expérience, c'est un an d'expérience»
Quand on lui demande ce qu'il retient de son aventure, Antoine Bolduc répond humblement: «De nos jours, ça va tellement vite, on a tellement accès à beaucoup d'information, à des entrepreneurs qui ont fait des erreurs, qu'on a l'impression qu'on va aller plus vite que les autres, qu'on ne fera pas les mêmes erreurs, qu'on va passer par-dessus. Mais je réalise vraiment qu'un an d'expérience, c'est un an d'expérience.»
Malgré tout son bagage, il dit avoir trébuché à quelques reprises dans la dernière année. «Je pense qu'on n'a pas le choix de manger ces coups-là pour apprendre, se relever et avancer. On comprend aussi pourquoi l'entrepreneuriat n'est pas fait pour tout le monde», poursuit le cofondateur d'Atypic.
Éloge à la «coopétition»
Il se dit extrêmement fier aujourd'hui d'être entrepreneur, de côtoyer des gens d'affaires comme Vincent Thériault, de Surmesur, une enseigne québécoise spécialisée dans la création de vêtements personnalisés dont le marché déborde nos frontières.
L'entrepreneuriat, a-t-il découvert, est très humain. C'est un univers où les gens se soutiennent, dit-il. «On parle souvent de compétition. Mais la coopétition, les compétiteurs qui s'entraident, devrait être beaucoup plus présente. Dans ce monde, il y a de la place pour chacun.»
Durant ses études, Antoine Bolduc a participé à l'Académie entrepreneuriale ULaval – CDPQ, accompagné par Entrepreneuriat ULaval et incubé à La Centrale – Espace entrepreneurial. Il était dans la même cohorte qu'Elizabeth Coulombe, cofondatrice de Tero, une entreprise qui offre un petit électroménager qui recycle les déchets alimentaires à la maison. À titre de présidente d'honneur de la Semaine mondiale de l'entrepreneuriat à l'Université Laval, elle a ouvert les activités le 14 novembre, à 16h30, à La Centrale – Espace entrepreneurial de l'Université Laval.
Plus de détails sur la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat à l’Université Laval