
Un peu plus de 80% des GMF ont intégré des pharmaciens à leur équipe de soins. «Comme ils y passent, en moyenne, 11 heures par semaine, leur temps est utilisé au mieux lorsqu'ils se consacrent en priorité aux cas complexes», estime la professeure Line Guénette.
— Getty Images
Ceux qui doutent de la pertinence d’inclure des pharmaciens dans les groupes de médecine familiale (GMF) devraient prendre connaissance d'une étude qui vient de paraître dans l’International Journal of Pharmacy Practice. Cette recherche, dirigée par Line Guénette, de la Faculté de pharmacie et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, révèle que les problèmes liés à la pharmacothérapie sont très fréquents chez les patients des GMF qui ont des besoins complexes.
L’étudiante-chercheuse Madjda Samir Abdin, la professeure Guénette et Lise Grenier-Gosselin, pharmacienne au CIUSSS de la Capitale-Nationale, ont analysé les données colligées par les pharmaciens de quatre GMF de Québec sur 60 patients, âgés de 38 à 95 ans, qui prenaient, en moyenne, 14 médicaments. Les chercheuses ont constaté que, sur une période de six mois, les pharmaciens ont relevé 300 problèmes liés à la pharmacothérapie de ces patients; 95 % des dossiers contenaient au moins un problème et, en moyenne, ils en contenaient 5,3.
La nature de ces problèmes est variée, mais voici les situations les plus courantes.
Dans 27 % des cas, le patient prend un médicament qu'il ne devrait plus prendre. «Par exemple, un médecin peut avoir prescrit simultanément un anti-inflammatoire et un antiacide servant à protéger l’estomac contre le premier médicament. Il arrive que l’anti-inflammatoire ne soit plus prescrit, mais que l’antiacide le soit toujours», explique la professeure Guénette.
Dans 19 % des cas, le patient a un problème de santé pour lequel aucun médicament n'a été prescrit. «On pense, par exemple, à la situation où un patient ressent des douleurs arthritiques sans qu’on lui ait recommandé de prendre de l’acétaminophène», dit la chercheuse.
Dans 15 % des cas, la dose de médicament prescrite est trop élevée.
Dans 14 % des cas, la dose de médicament prescrite est trop faible.
L’intervention des pharmaciens a donc permis de détecter et de corriger de nombreux accrocs dans la pharmacothérapie des patients. D’ailleurs, 88 % de leurs recommandations ont été accueillies par les médecins. «Les échanges entre les médecins et les pharmaciens sont plus faciles et plus directs lorsque ces derniers pratiquent au sein du même GMF. Cette proximité et les liens de confiance qui s'établissent entre médecins et pharmaciens favorisent l’optimisation des soins aux patients», observe Line Guénette.
Jusqu'à présent, un peu plus de 80 % des GMF ont intégré des pharmaciens à leur équipe de soins. «Comme ils y passent, en moyenne, 11 heures par semaine, leur temps est utilisé au mieux lorsqu'ils se consacrent en priorité aux cas complexes», estime la professeure.