La dystrophie musculaire de Duchenne est une maladie héréditaire dont les premières manifestations surviennent chez les enfants lorsqu'ils ont entre 18 mois et 3 ans. Elle cause une dégénérescence progressive des muscles qui confine les personnes atteintes à un fauteuil roulant à partir de l'adolescence. La maladie s'attaque également aux muscles du cœur et aux muscles respiratoires, de sorte que l'espérance de vie des malades est de moins de 40 ans. La maladie affecte environ 1 garçon sur 3 500 à la naissance, ce qui en fait la forme de dystrophie musculaire la plus courante.
Il n'existe pas encore de traitement pour vaincre cette maladie. Il y a bien un médicament stéroïdien qui ralentit la dégénérescence des muscles, mais il entraîne d'importants effets secondaires. «Beaucoup d'espoirs sont placés dans la thérapie génique, mais il faudra encore plusieurs années de recherche avant d'arriver à un traitement efficace. C'est pourquoi il est important de trouver d'autres médicaments pour aider à préserver la force musculaire des personnes atteintes le plus longtemps possible», explique la professeure Sachiko Sato.
La chercheuse et ses collaborateurs ont eu l'idée de tester l'efficacité de la prise d'un supplément alimentaire contenant un sucre dérivé du glucose, la N-acétylglucosamine, sur des souris exprimant les principales manifestations de la dystrophie musculaire de Duchenne. «Il s'agit d'un sucre simple dont la structure est différente de la glucosamine vendue pour traiter les problèmes articulaires, précise la professeure Sato. Nos travaux antérieurs ont montré que la N-acétylglucosamine favorise la synthèse de molécules qui s'associent à la galectine-3, une protéine qui favorise la production de fibres musculaires.»
Les chercheurs ont observé qu'après 10 jours de traitement, les souris qui recevaient des suppléments de N-acétylglucosamine avaient une force musculaire 50% plus élevée que les souris du groupe témoin. «Nous ne savons pas si cette molécule augmente la production des fibres musculaires ou leur survie, mais nous constatons que la force musculaire des souris est mieux préservée», résume la professeure Sato.
Même si l'étude a été réalisée sur des animaux de laboratoire, la chercheuse est enthousiasmée par ces résultats. La N-acétylglucosamine est un produit peu coûteux qui peut être synthétisé en laboratoire ou extrait de la carapace des crustacés. On la retrouve naturellement dans le lait humain, où elle est le deuxième sucre en importance après le lactose. «Elle a aussi fait l'objet d'essais cliniques chez des enfants souffrant de maladies auto-immunes et aucun effet toxique n'a été observé, précise la chercheuse. Tout indique qu'il vaut la peine de tester son efficacité pour améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de dystrophie musculaire de Duchenne.»
Les auteurs de l'étude parue dans le FASEB Journal sont Ann Rancourt, Sébastien S. Dufresne, Guillaume St-Pierre, Julie-Christine Lévesque, Haruka Nakamura, Yodai Kikuchi, Masahiko S. Satoh, Jérôme Frenette et Sachiko Sato.