À ce chapitre, tous s'accordent sur le fait que l'intelligence artificielle sera au cœur de la guerre du futur. Cette science développe des programmes informatiques complexes en lien avec l'intelligence humaine.
Le professeur Richard Khoury enseigne au Département d'informatique et de génie logiciel. Son intervention, lors de la Rencontre, portera sur le projet de recherche qu'il mène sur la détection de messages toxiques sur le Web. Ses travaux se déroulent en partenariat avec l'Université Simon Fraser, l'organisme Mitacs et la firme Two Hat Security. Le but du projet de recherche est de créer une nouvelle version du logiciel de Two Hat Security, lequel est capable de filtrer quelques milliards de messages à la fois, en utilisant une variété de techniques d'intelligence artificielle pour le rendre plus robuste et précis.
«Des personnes malveillantes rôdent sur Internet, avec des messages de harcèlement, pour extorquer de l'argent, même pour inciter au suicide, explique-t-il. Les groupes terroristes, eux, se servent du Web pour recruter de nouveaux membres. On sait que le groupe armé État islamique utilisait Internet avec un certain succès.»
Sur Internet, la lutte contre la radicalisation consiste actuellement surtout à repérer les vidéos de recrutement et à les supprimer. Mais les groupes terroristes les remettent ailleurs sur le Web. D'autres utilisateurs toxiques contournent les filtres standards simplement en déguisant les mots-clés, notamment en mettant un chiffre ou une ponctuation au milieu.
«Une de nos études consiste à pouvoir détecter la toxicité par le ton du message plutôt que par la présence des mots-clés toxiques que les personnes malveillantes peuvent facilement masquer, explique Richard Khoury. Une autre étude porte sur comment modéliser la personnalité des individus à partir des messages qu'ils écrivent. Si on peut rapidement dresser un profil psychologique des utilisateurs, on sera capable d'identifier les personnes potentiellement dangereuses et de concentrer les efforts sur elles.»
Le professeur Philippe Giguère enseigne au même département que le professeur Khoury. Sa communication sera présentée dans le segment consacré à la robotique et aux systèmes autonomes. Selon lui, les progrès spectaculaires de l'intelligence artificielle et de la robotique préfigurent une transformation majeure du champ de bataille de l'avenir. «Mais, souligne-t-il, tout conflit majeur commencera par une cyberattaque. Cette forme de guerre invisible frappera les messageries courriel et les ordinateurs, les cartes de crédit et les réseaux électriques. Tout sera désorganisé.»
L'intelligence artificielle servira également à la désinformation. «À l'heure actuelle, l'intelligence artificielle joue un rôle majeur en temps réel pour définir les Twitter trends et créer de fausses nouvelles en suivant ces trends.»
«Certains spécialistes, ajoute-t-il, disent que le pays qui dominera l'intelligence artificielle sera dans la même position que le pays qui a possédé en premier la bombe atomique.»
La croissante «déshumanisation» du champ de bataille s'observe déjà par l'emploi des drones, ces avions armés pilotés à distance par des humains. Cela ne veut pas dire pour autant que la ligne de front sera occupée par des machines, contrôlées à l'arrière par des humains, dans un proche avenir. Depuis 2015, l'armée russe intègre des robots combattants qui se présentent sous la forme de mini-chars d'assaut sur chenilles. Ces machines polyvalentes avec tourelle mobile armée sont télécommandées.
Plus d'information sur la 9e Rencontre internationale Université-Défense de Québec
L'intelligence artificielle est une science qui développe des programmes informatiques complexes en lien avec l'intelligence humaine.
Les groupes terroristes se servent du Web pour recruter de nouveaux membres.
Véhicule aérien autonome.
Photo: DARPA