
La suite avec le jongleur de glace telle qu'imaginée par Delphi Laforest Pradet.
— Delphi Laforest Pradet
Delphie Laforest Pradet est candidate à la maîtrise professionnelle en architecture. Le vendredi 19 janvier, lors de la grande soirée inaugurale de l'Hôtel de glace de Québec, elle a reçu le premier prix du concours Architecture éphémère, ainsi que le prix du public pour son projet Inépuisable jonglerie. «Parmi la vingtaine de projets proposés sur le thème du "cirque de glace", celui de Delphie Laforest Pradet a tout de suite été chercher l'aval des quatre membres du jury, explique le directeur artistique de l'Hôtel de glace, Pierre L'Heureux. C'est une très belle intervention dans l'architecture, c'est poétique.»
Dans la suite aménagée par les artisans sculpteurs de l'Hôtel de glace, un personnage géant, tout de glace, occupe une partie de l'espace, les deux bras levés dans la pose typique du jongleur de cirque. Deux balles de neige, sculptées sur le haut du mur derrière lui, donnent l'impression d'être en mouvement entre ses mains. D'ailleurs, les murs sont tapissés de balles de neige de différentes dimensions.
Selon Delphie Laforest Pradet, le jongleur de glace offre un moment de folie aux occupants en jonglant avec une infinité de balles de neige qu'il laisse partir dans tous les sens.
«Je voulais proposer un espace de jeu magique dans la suite que j'avais imaginée, souligne-t-elle. Avec les balles de neige, je voulais susciter une émotion avec quelque chose de simple. Dans cette scène farfelue et inattendue, les limites de la chambre sont oubliées. Le visiteur est convié à admirer la tempête de neige.»
Pour une treizième année consécutive, l'Hôtel de glace de Québec a permis à de futurs architectes de quatre universités québécoises de concourir dans l'aménagement d'une suite thématique faite de neige et de glace. Les projets ont été jugés sous les angles de l'originalité, de la faisabilité, du concept et de l'innovation.
Le troisième prix a été décerné à Jean-Christophe Nolin et à Dominique Pichette pour leur projet La voltige. Tous deux sont inscrits au baccalauréat en architecture. Leur inspiration est venue du cirque contemporain, plus précisément de l'art du tissu aérien. «Notre concept découle d'une acrobate de tissu aérien qui enveloppe l'occupant et la chambre de son étoffe, indique Jean-Christophe Nolin. Nous ne nous sommes pas inspirés des éléments typiques du cirque. Nous avons abordé l'aspect davantage poétique et sensuel en unifiant plafond, plancher et murs.» Et quelle a été votre approche par rapport à la glace et à la neige? «N'ayant jamais travaillé avec la glace ou la neige, nous ne nous sommes pas arrêtés aux contraintes que pouvaient apporter ces matériaux, répond Dominique Pichette. On nous apprend à oser et à penser au-delà des obstacles. C'est donc pour cela que nous avons élaboré notre projet seulement avec le concept, sans nous limiter aux matériaux et à leurs propriétés respectives.»
Pierre L'Heureux insiste sur la qualité de l'intégration du personnage de la voltigeuse de glace, debout, une jambe vers l'avant, l'autre vers l'arrière, genoux pliés, les bras tendus vers le haut. «Toute la chambre, dit-il, s'enroule autour de cette sculpture enrubannée de neige.»
Jusqu'à l'an dernier, seuls les trois projets finalistes étaient aménagés par les artisans sculpteurs de l'Hôtel de glace. Cette année, le projet ayant remporté la mention spéciale a eu droit à ce privilège. Son auteur, Hugo Desrosiers, est inscrit à la maîtrise en architecture à l'Université Laval. Il a intitulé son projet Le Titan de glace.
«La suite rend hommage aux cirques ambulants de la fin du 19e siècle, explique-t-il. Le public avait droit à plusieurs tours d'adresse et à des démonstrations de prouesses physiques, notamment à des concours d'hommes forts. Quand au titre, on peut y voir un clin d'œil à notre propre héros national, Louis Cyr.»
Dans cette suite, un hercule massif et moustachu fait corps avec le mur et soulève un lourd haltère d'une main. «Le clin d'œil du visage est particulièrement bien réussi, précise Hugo Desrosiers. Le sculpteur a placé un feutre noir, en guise d'iris, derrière la surface glacée de l'œil ouvert. Je cherchais à concevoir un visage aux airs à la fois sympathiques et terrifiants. Je pense que les visiteurs s'attacheront à ce gentil géant.»
L'étudiant a travaillé, dans le passé, sur quelques projets de sculpture de glace et de neige. «Ce sont des matériaux bien différents, soutient-il. La neige se travaille en surface et permet de créer des bas-reliefs avec divers outils. La glace, elle, demande une expertise particulière et offre peu de place à l'erreur. On l'utilise davantage pour les détails, le mobilier ainsi que la base du lit. Et malgré les jeux de lumière qui animent l'intérieur des chambres, les décors doivent être pensés de manière monochrome. La compréhension du projet ne doit donc pas reposer sur des accents de couleur particuliers. Enfin, il faut tenir compte de la forme en voûte des chambres et, si possible, l'intégrer au concept.»
Chaque année, l'Hôtel de glace accueille environ 5 000 clients pour une ou des nuitées et quelque 100 000 visiteurs. L'Hôtel de glace est ouvert jusqu'au 25 mars.

Delphie Laforest Pradet dans la suite de son projet Inépuisable jonglerie en compagnie du jongleur de glace.
Photo: Dany Vachon

L'inspiration des étudiants est venue du cirque contemporain, plus précisément de l'art du tissu aérien.
Photo: Jean-Christophe Nolin et Dominique Pichette

Toute la pièce donne l'impression de s'enrouler autour de la sculpture de glace représentant une acrobate de tissu aérien.
Photo: Dany Vachon

Dans la suite imaginée par Hugo Desrosiers, un homme fort soulève un lourd haltère d'une main.
Photo: Hugo Desrosiers

Les gagnants du concours Architecture éphémère 2018 prennent la pose.
Photo: Dany Vachon