
Près de trois répondants sur quatre estiment que les physiothérapeutes sont aussi compétents que les médecins de famille ou les urgentologues pour diagnostiquer des problèmes musculosquelettiques.
Cette étude repose sur une enquête en ligne à laquelle ont participé 513 membres de la communauté universitaire de l'Université Laval en février 2014. Les participants ont été recrutés parmi tous les étudiants et les employés de l'établissement. Une exception toutefois: ceux rattachés au Département de réadaptation, l'unité responsable du programme de physiothérapie à l'Université, étaient exclus de l'échantillon. L'enquête visait à cerner les connaissances relatives au travail des physiothérapeutes et les perceptions des compétences de ces professionnels de la santé. Elle avait aussi pour but d'évaluer l'ouverture des répondants à la pratique avancée en physiothérapie. «Il s'agit d'un nouveau modèle de soins qui confie aux physiothérapeutes ayant une formation supplémentaire des actes présentement réservés aux médecins, par exemple faire un diagnostic médical, évaluer les patients pour déterminer si une chirurgie orthopédique est nécessaire, demander des tests d'imagerie ou prescrire certains médicaments», explique le professeur Jean-Sébastien Roy, qui cosigne l'étude. En théorie, ce modèle, qui est déjà appliqué à plusieurs endroits dans le monde, pourrait aider à désengorger le système de santé, à améliorer l'efficacité des soins offerts aux patients ayant un problème musculosquelettique et à réduire les coûts.
L'enquête révèle que 90% des répondants estiment que les physiothérapeutes sont compétents et que 91% leur font confiance pour le traitement des problèmes musculosquelettiques. Ils jugent, dans une proportion de 72%, que les physiothérapeutes sont aussi compétents ou même plus que les médecins de famille ou les urgentologues pour diagnostiquer des problèmes musculosquelettiques. Enfin, 58% estiment qu'il ne devrait pas être nécessaire d'avoir un diagnostic d'un médecin avant d'être traité en physiothérapie, preuve que les répondants voient la pertinence d'avoir un accès direct à un physiothérapeute, estime le professeur Roy.
Par ailleurs, 90% des répondants appuient l'idée de la pratique avancée en physiothérapie pour les problèmes musculosquelettiques. Ils ont confiance aux physiothérapeutes pour poser un diagnostic médical (76%), prescrire des tests d'imagerie médicale (85%), trier les patients en attente d'une intervention chirurgicale (58%) et prescrire certains médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (70%). «Dans l'ensemble, la perception des répondants est très positive, mais il faudrait un échantillon plus large avant de conclure que l'ensemble de la population québécoise est ouvert à ce nouveau modèle», prévient Jean-Sébastien Roy.
Il est peu probable que les responsabilités des physiothérapeutes changent à court terme au Québec, croit le chercheur, mais l'idée fait son chemin et des projets pilotes sont en cours dans une urgence et dans une clinique orthopédique de la région de Montréal. «L'équipe de mon collègue François Desmeules mesure comment cet élargissement des responsabilités des physiothérapeutes influence l'accessibilité, la qualité et les coûts de soins. Les travaux portent aussi sur les perceptions des patients et des médecins. Il s'agit de facteurs importants à considérer parce qu'ils pourraient favoriser ou nuire à l'implantation de la pratique avancée en physiothérapie.»
Les signataires de l'étude parue dans BMC Musculoskeletal Disorders sont Ariel Desjardins-Charbonneau, Julie Thibault, Vincent Ciccone et François Desmeules, de l'Université de Montréal, et Jean-Sébastien Roy de l'Université Laval.