
Prolifique, l'artiste René Richard a su exprimer, par ses toiles, son amour des grands espaces et de la vie en forêt.
René Richard a fait l'objet de moult écrits, où se mêlent parfois la réalité et la fiction – il a notamment inspiré le personnage du roman La montagne secrète de Gabrielle Roy. Fils d'immigrants suisses venus s'installer en Alberta, il a d'abord été trappeur, parcourant le Manitoba, la Saskatchewan et les Territoires du Nord-Ouest. En 1927, il a décidé d'aller étudier la peinture à Paris sous l'égide de l'artiste québécois Clarence Gagnon. Ce dernier, grand amoureux de Charlevoix, l'a convaincu de s'établir à Baie-Saint-Paul. Très près de l'univers des ingénieurs forestiers, René Richard a fait la rencontre d'Edgar Porter, doyen de la Faculté de foresterie et de géodésie et cofondateur de la forêt Montmorency. Une profonde amitié est née entre les deux hommes, ce qui explique pourquoi, vers la fin de sa vie, l'artiste a légué une partie de ses oeuvres aux collections de l'Université Laval. «Il savait qu'il était apprécié à l'Université Laval et que ses peintures et ses dessins seraient conservés de façon pieuse», souligne Jean des Gagnés.
À l'époque, John R. Porter, le neveu d'Edgar Porter et actuel président du Conseil d'administration de l'Université, était âgé d'une dizaine d'années. Il se souvient très bien avoir découvert des tableaux de l'artiste dans l'une des salles du pavillon central fraîchement construit. «L'histoire de René Richard m'interpelle doublement, dit-il. Cet artiste était un merveilleux conteur, qui savait témoigner de ses péripéties. Mon oncle Edgar, qui fut mon deuxième père, avait beaucoup d'admiration pour lui. Il trouvait dans l'oeuvre de René Richard un écho de ses valeurs, dont le respect de la forêt et des grands espaces. Edgar Porter était un homme qui avait beaucoup d'ouverture et une grande vision!»
Edgar Porter ne manquait pas de vision, en effet, pour fonder ce qui allait devenir la plus grande forêt d'enseignement et de recherche au monde. Aujoud'hui d'une superficie de 412 kilomètres carrés, cette forêt joue un rôle essentiel dans la formation des futurs ingénieurs forestiers. Ceux-ci viennent y apprendre les bonnes pratiques en matière de sylviculture, d'aménagement et d'exploitation forestière. Des chercheurs de toutes les disciplines y mènent aussi différents travaux de recherche. Au-delà de sa vocation scientifique, la forêt fait le bonheur des amateurs de plein air, comblés par un large choix d'activités. «C'est extraordinaire que l'on ait pu déboucher sur un projet d'une telle ampleur! La forêt Montmorency est devenue un lieu identitaire, où les gens aiment se retrouver. Mon oncle n'en reviendrait tout simplement pas! Il avait une vision, qu'il a partagée et qui est devenue réalité; on pourrait penser que c'est fini, mais ça ne fait que commencer», croit John R. Porter, pas peu fier de s'associer aux célébrations du cinquantième anniversaire.
Pour l'occasion, les reproductions de deux toiles du peintre Richard ont été installées dans le salon avec foyer du pavillon central, là où elles étaient jadis. «C'est une façon de rendre hommage à la forêt Montmorency, à mon oncle et à René Richard, mais aussi de réinsérer quelque chose de précieux qui relève de la mémoire», se réjouit le président du C.A. de l'Université.
L'exposition est présentée gratuitement dans le pavillon central de la forêt Montmorency. Pour plus d'information: info@foretmontmorency.ca.