
Le projet Salons urbains, bouclant la maîtrise en architecture de Jérôme Lapierre, s'intéressait aux qualités spatiales, sensorielles et urbaines d'un projet d'habitation au Vieux-Port de Québec. Il a remporté le prix du meilleur projet de fin d'études décerné par la direction de l'École d'architecture de l'Université.
Lorsqu'on lui demande d'où lui vient cette vision singulière de l'architecture, il laisse tomber un mot: «Copenhague». C'est là qu'il a fait une session d'études en 2011. Une occasion en or de s'imprégner de l'atmosphère de cette ville à l'architecture audacieuse et raffinée. Il se rappelle encore ses promenades quotidiennes à vélo. Tous les matins, il quittait son appartement et longeait la mer Baltique. Les rues piétonnes défilaient devant ses yeux jusqu'à son arrivée à l'école, entourée de magnifiques bâtiments sur le bord de l'eau. Quarante-cinq minutes de bonheur dans un environnement conçu à l'échelle humaine. «Je suis attaché à cette ville. Il y a une bonne humeur, une énergie, un contact avec l'eau que nous n'avons pas à Québec. Ça m'a interpellé», raconte-t-il, des étoiles dans les yeux.
Le Prix de Rome, qu'il vient de remporter, lui permettra de retourner là-bas afin d'y réaliser un grand rêve: «apprendre à construire un tel bonheur». Ce prix d'une valeur de 34 000$ lui donnera l'occasion d'effectuer un stage d'un an au sein de la firme Gehl Architects. Son directeur, Jan Gehl, est reconnu mondialement comme un influent théoricien de la ville contemporaine. Jérôme Lapierre profitera de cette expérience pour analyser la manière dont la vie entre les bâtiments participe à l'enrichissement de l'architecture. Il ira aussi sur le terrain étudier différents projets de design urbain à Stockholm, Hambourg et Londres.
Son ancien professeur et actuellement superviseur de stage, François Dufaux, souligne à quel point le Québec pourrait bénéficier de ses recherches. «Le développement de notre pays s'est fait à partir du fleuve Saint-Laurent, mais depuis une centaine d'années, on lui tourne le dos. Les quais accessibles au public sont très rares. On est collé sur l'eau, mais, curieusement, elle n'existe pas dans notre quotidien, alors que ce qui frappe au Danemark, c'est ce rapport d'échanges. Ce pays a su développer une architecture sensible à la fois au territoire et au climat, et qui favorise les interactions sociales. C'est une culture que l'on pourrait avoir ici.»
Le professeur se réjouit d'avance pour son protégé, qui pourra accroître sa connaissance de l'architecture et élargir ses horizons. «Quand on va à l'étranger, des choses nous séduisent, d'autres nous déstabilisent. Cela permet d'en apprendre plus sur soi et sur la société. Je ne m'en fais pas pour Jérôme. Il démontre beaucoup d'intelligence et de maturité.»
L'architecte Pierre Thibault, son employeur depuis cinq ans, lui fait écho. «Jérôme a une capacité d'analyse et une détermination qui le force à aller au bout de ses idées. Je lui souhaite d'écouter et d'apprécier cette ville. Cette expérience lui permettra de travailler avec une firme qui a su mettre en oeuvre les meilleurs exemples d'aménagement urbain au monde.»
Dès son retour en 2015, le jeune architecte fera part de ses découvertes par une exposition itinérante et des conférences dans les écoles. Une façon de transmettre sa passion et, ainsi, de contribuer à faire connaître la culture architecturale.
Notre collaborateur Matthieu Dessureault réalisera cet été un reportage vidéo sur l'expérience de Jérôme Lapierre au Danemark. À voir sur jerome.lapierre.com.