Bâtir son capital intellectuel
«J’ai eu la chance d’avoir des professeurs extraordinaires tout au long de mes études», affirme Jacques Saint-Pierre qui n’en est pas à ses premiers lauriers en matière d’excellence en enseignement, ayant obtenu le prix Hermès d’excellence en 1996 décerné par la Faculté des sciences de l’administration. «Ces professeurs étaient des maîtres chevronnés qui possédaient une étonnante capacité à expliquer de manière simple et compréhensible des problèmes économiques et financiers complexes avec passion et dynamisme, insiste-t-il. Je pense, par exemple, à Alexandre Lamfalussy, premier président de l’Institut monétaire européen et ancien directeur de la Banque des règlements internationaux dont j’ai suivi les cours à l’Université catholique de Louvain, au doctorat. On le consulte encore aujourd’hui en Europe pour trouver des solutions à la crise financière. C’est dire sa vaste expertise.» Si Jacques Saint-Pierre admire tant ces maîtres qui ont éclairé son parcours d’étudiant, il se fait un devoir d’être un maître lui-même, d’abord et surtout en tenant constamment ses connaissances à jour et, ensuite, en imposant certaines règles aux étudiants à son endroit comme le vouvoiement et l’obligation de laisser sa casquette au vestiaire dans les salles de cours. Point à la ligne.
Une occasion en or
«Il a une manière d’enseigner originale qui stimule le dépassement de soi, considère Yann Arsenault, étudiant à la maîtrise en finance. Il traite ses étudiants avec respect et cherche vraiment à connaître leurs opinions sur une variété de sujets. Ses principales qualités sont sans contredit sa franchise et un sens aigu de l’analyse.» «C’est un professeur qui fait preuve d’une grande disponibilité», souligne pour sa part Chawki Mouelhi dont Jacques Saint-Pierre a dirigé récemment la thèse de doctorat. «Son encadrement, ses conseils et son soutien m'ont permis de me concentrer sur mon sujet de recherche, d’élargir mon point de vue et de développer mes propres méthodes de recherche», assure cet heureux diplômé. Le principal intéressé, lui, affirme que le plus beau compliment qu’on peut lui faire est de lui dire, au hasard d’une rencontre dans les corridors de la Faculté, qu’on a hâte d’assister à son cours du jeudi. « Mon rôle est d’aider les étudiants à bâtir leur capital intellectuel et à tout mettre en œuvre pour que l’expérience soit agréable», note sans prétention Jacques Saint-Pierre.
En 1999, il a fondé le LABVAL (Laboratoire de recherche en évaluation des entreprises). Ce groupe a contribué à la création de StockPointer, un logiciel qui analyse la performance d’environ 6 500 entreprises par la valeur économique ajoutée, une mesure du profit qui tient compte de l’utilisation du capital, et dont se servent plus de 300 analystes financiers au Canada en plus des étudiants du LABVAL qui y ont un accès gratuit depuis 2008. Dans les rares moments libres que lui laissent ses activités professorales et de recherche, Jacques Saint-Pierre trouve encore le temps d’écrire une chronique financière hebdomadaire dans le journal Le Soleil. «Tout le monde me parle de cette chronique, dit-il. Je trouve que c’est presque plus valorisant que de publier des textes dans des revues scientifiques que personne ne lit», lance-t-il à la blague. Interrogé sur la crise financière actuelle, Jacques Saint-Pierre estime qu’il s’agit là d’une occasion en or pour les jeunes qui possèdent des liquidités d’acheter des actions dans des compagnies économiquement rentables et socialement responsables. À son avis, la crise financière montre que si n’importe qui peut faire faillite un jour, n’importe qui peut être acheté.